Le Hunan Museum de Changsha consacre, du 26 septembre au 10 décembre 2024, une grande rétrospective au photographe.
De ses premières photos en 1953 à Paris, puis à Londres, en Yougoslavie, sur la route qui l’emmène de Beyrouth en Inde, dans la vieille Land Rover, avec laquelle il traverse tout le Moyen Orient, et, enfin, en Chine, lorsqu’il obtient de haute lutte son premier visa en 1957, l’exposition suit la vie de Marc Riboud.
Voyage dans l’espace, l’exposition est aussi une plongée dans la deuxième moitié du 20e siècle. Sensible aux drames de son époque, Marc Riboud a toujours été soucieux du sort de ses contemporains. Dans les années 1960, il photographie les indépendances africaines, celle de l’Algérie en 1962, puis la longue tragédie du Vietnam et la révolte des étudiants américains.
Quel que soit le pays, quelle que soit l’époque, le regard de Marc Riboud est toujours singulier. Un regard respectueux et pudique qui garde ses distances pour pouvoir composer sa photo selon les règles de la peinture. Un regard qui cherche la beauté des formes, la grâce des gestes, parfois la drôlerie des situations.
Son amour de la beauté s’épanouie partout, mais plus qu’ailleurs à Angkor et, à la fin de sa vie, dans les montagnes du Huang Shan, où Marc Riboud retourne six fois.
Le visiteur de l’exposition devine sans peine la place centrale qu’a tenu la Chine dans la vie du photographe. Une place faite d’une passion intellectuelle, esthétique et affective qui, après les deux premiers voyages de 1957 et 1965, le ramènera 22 fois en Chine à partir de 1971 jusqu’en 2010.
Au cours de toutes « ces longues marches », un lien silencieux et profond s’est créé entre le photographe et ceux qu’il regardait et quand, en 1996 Marc Riboud expose pour la première fois à Pékin, au Meishuguan, les Chinois viennent par milliers. Il était presque impossible d’entrer le premier jour tant la foule était compacte. Ces visiteurs ont reconnu la Chine de leurs parents, de leurs grands parents, des villes ou des campagnes des quarante dernières années alors qu’ils n’avaient pu voir que la Chine « officielle » photographiée par la propagande.
Cette communication muette avec les Chinois faisait la joie de Marc Riboud et il adorait exposer en Chine. Laissons-le parler lui-même de la Chine pour mieux comprendre cette passion :
“Les pays que j'aime sont comme des amis. J'aime les revoir, savoir ce qu'ils deviennent, comment ils changent. Ainsi je retourne souvent en Chine où tout bouge plus vite qu'ailleurs, même si l'œil attentif peut voir sous cette surface agitée la permanence des choses.”