FAQ sur nos collections
Les collections du musée Guimet (environ 60 000 numéros d’inventaire) ont été constituées depuis la fin du 19e siècle et sont de provenances variées.
Le fonds historique est constitué par la collection rassemblée par Emile Guimet lors de son voyage en Asie (principalement au Japon, en Chine et en Inde) entre 1876 et 1877 puis par des achats qu’il a réalisés sur le marché de l’art européen. Dans la foulée de l’ouverture du musée à Paris en 1889, des dons de collectionneurs privés et des achats ont complété la collection.
En 1927, le musée a reçu les œuvres du musée indochinois du Trocadéro, majoritairement issues de la mission archéologique de Louis Delaporte au Cambodge en 1873-1874. Louis Delaporte (1842-1925), officier de marine, a conduit cette mission scientifique pour le compte du ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts. L’objectif était l’étude des monuments khmers et l’envoi en France d’une sélection d’œuvres représentatives, avec l’accord du roi du Cambodge.
En 1936, ces collections d’art de l’Asie du Sud-Est (Cambodge, Vietnam) ont été complétées par des envois de l’École française d’Extrême-Orient, alors en charge de la préservation du patrimoine en Indochine, dans le cadre de la collaboration entre le musée Guimet et cette institution.
En 1945 sont venues s’ajouter les collections extrême-orientales du musée du Louvre, principalement issues de dons, de legs et de quelques achats. Parallèlement, les collections du musée Guimet se sont enrichies grâce au partage des fouilles de la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) dans le cadre de l’accord intergouvernemental signé en 1922 entre la France et l’Afghanistan.
Depuis la seconde moitié du 20e siècle, les acquisitions ne sont plus que le fait de dons ou de donations et d’achats sur le marché de l’art français et international.
Aujourd’hui, tous les projets d’acquisition, que ce soit à titre gratuit ou onéreux, sont soumis à une commission d’acquisition créée par l'article 5 du décret n° 2003-1301 du 26 décembre 2003. Présidée par la présidente de l'établissement public, elle comprend, outre sa présidente, quatorze membres :
Cette instance collégiale s’assure que toutes les vérifications et les diligences requises sont prises pour documenter l’historique des œuvres. Cette documentation reflète les informations qui ont fait l’objet de recherches au moment de l’acquisition. En cas de doute, le projet d’acquisition est abandonné.
S’agissant de collections entrées de manière plus ancienne au musée, un travail de fond est conduit pour enrichir nos connaissances sur les œuvres et le contexte dans lequel elles nous sont parvenues. Un des projets structurant du musée à partir de 2025 est la Villa Guimet, centre de recherche international sur les arts asiatiques. Au cœur de sa politique de recherche figurent l’histoire des collections et la provenance des œuvres documentées conjointement dans le cadre de partenariats scientifiques nationaux et internationaux.
Non. Si André Malraux a effectivement commis un pillage au Cambodge, sur le site de Banteay Srei, il a été arrêté à Phnom Penh. Aucune œuvre n’a donc quitté le Cambodge ni, a fortiori, ne se trouve au musée Guimet.
Ses comportements ont cependant conduit à la prise de conscience des autorités patrimoniales du Cambodge de la nécessité de protéger les sites et de sécuriser la circulation des biens.
Pour information, le musée Guimet conserve trois œuvres de la collection personnelle d’André Malraux (1901-1976). Ce dernier les avait achetées lors du voyage qu’il a effectué en 1930 avec son épouse Clara en Afghanistan, probablement auprès d’un marchand d’art de Rawalpindi, près de Peshawar (Pakistan actuel). Elles sont entrées dans les collections du musée dans les années 2000, pour deux d’entre elles, avec le soutien de la Société des Amis du musée Guimet.
Il y a deux catégories d’œuvres provenant ou censées provenir du Palais d’Eté, palais de l’Empereur de Chine, pillé et incendié en 1860 : les prises de guerre officielles réalisées par les armées françaises et britanniques et les œuvres pillées directement et de manière individuelle par les soldats.
Le droit de la guerre en vigueur à l’époque autorisait le droit de saisir les biens de l’ennemi sous réserve qu’ils reviennent à l’Etat. Le cadre juridique international interdisant le pillage de guerre n’est intervenu qu’en 1899 sans effet rétroactif. La part française des prises de guerre a été offerte à Napoléon III et à l’impératrice Eugénie. Elle n’est pas conservée au musée Guimet.
D’autres œuvres, provenant de pillages individuels, ont par ailleurs rejoint des collections privées puis ont circulé sur le marché de l’art. Toutefois, leur provenance exacte est rarement avérée et étayée par des documents indubitables : pendant plusieurs décennies, la mention « Palais d’Eté » a parfois été ajoutée et employée comme un argument commercial pour signaler des œuvres de « qualité impériale » et leur donner ainsi une valeur supérieure. La fin du 19e siècle et la première décennie du 20e siècle, marquées par le déclin de la dynastie impériale au pouvoir, les Qing (1644-1911), ont en effet conduit à la désorganisation de l’administration et le lent pillage, par le personnel impérial, des magasins et du Trésor. Ces œuvres ont dès lors circulé sur le marché de l’art international.
Certaines porcelaines de la collection Grandidier (autrefois au Louvre et transférée au musée Guimet en 1945) et quelques autres objets d’art décoratif sont ainsi réputés provenir des palais impériaux, dont le Palais d’Eté, sans que – en l’état actuel de notre documentation – aucune certitude ne puisse être établie. Les équipes scientifiques du musée portent une attention particulière à l’étude approfondie des provenances de ces objets, notamment dans le cadre du développement de projets de recherche.
Comme les autres collections du musée, les œuvres provenant de Chine sont entrées par achats sur le marché de l’art, dons ou à la suite de missions ou expéditions scientifiques françaises.
L’une des expéditions les plus importantes est celle du sinologue français Paul Pelliot en Asie centrale et en Chine de 1906 à 1908. Des peintures, des sculptures, ainsi que des manuscrits et des spécimens botaniques, géologiques et zoologiques ont été rapportés en France et déposés au Louvre, au musée Guimet, à la Bibliothèque nationale et au Muséum national d’Histoire naturelle. Les œuvres provenant de l’oasis de Dunhuang et du site de Mogao ont été achetées à cette époque avec l’autorisation des autorités locales.
Le musée Guimet conserve un corpus de 200 sculptures et peintures, tandis que les manuscrits sont conservés à la Bibliothèque nationale de France.
La mission scientifique de Jules-Léon Dutreuil de Rhins et Fernand Grenard de 1891 à 1894 dans la Haute Asie et au Tibet (financée par le ministère de l’Instruction publique et l’Académie des inscriptions et belles-lettres) puis l’expédition Citroën-Centre Asie (plus connue comme « la croisière jaune » entre 1931 et 1932) ont également permis l’enrichissement des collections du musée Guimet.
Il n’y a pas à proprement parler de législation internationale, chaque pays ayant sa propre législation quant à la protection du patrimoine et le contrôle à l’exportation de biens culturels.
En revanche, la convention de l’UNESCO de 1970 sur la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, relative au trafic contemporain, ratifiée par la France le 7 janvier 1997, prévoit les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels.
Le musée Guimet, comme tout musée national, n’est pas propriétaire des biens culturels qu’il conserve, mais simplement affectataire. C’est l’Etat qui est propriétaire des collections nationales, elles appartiennent au domaine public.
En vertu du code du patrimoine, ces collections sont imprescriptibles (une personne privée ne peut s’approprier un bien du domaine public du fait de son utilisation prolongée) et inaliénables (elles ne peuvent être cédées). Le musée ne peut donc pas restituer un bien de son propre chef. Cela ne peut être fait qu’à l’issue du vote d’une loi spécifique (dépôt par le gouvernement d’un projet de loi au Parlement) permettant de mettre fin à l’inaliénabilité du ou des biens considérés. Une fois votée et promulguée, la loi permet de sortir les œuvres du domaine public et d’en transférer la propriété à l’État demandeur.
Une demande de restitution de deux stèles, conservées au musée Guimet, adressée à la France par le Népal, est en cours d’instruction.
Les collections publiques françaises sont inaliénables. Une restitution ne peut donc avoir lieu qu’après le vote d’une loi spécifique par le Parlement, permettant le transfert de propriété.
Dans les faits, il faut une demande officielle émanant d’un Etat ou d’un particulier. Une étude approfondie du contexte d’acquisition de l’objet est alors conduite par une Commission d’experts.
En 2024, un projet de loi-cadre, qui permettrait d’établir une procédure et d’éviter le recours aux lois de circonstance, est en discussion mais n’a pas encore été présentée au Parlement.
Un dossier est en cours d’étude par le musée et la Mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945 (M2RS) de la Direction générale du patrimoine (ministère de la Culture).
S’il est avéré que ces œuvres ont effectivement été spoliées, le ministère de la Culture organisera les modalités de la restitution ou d’un éventuel dédommagement avec les ayants-droits.
La notion de « Monde himalayen » est courante dans le domaine muséal et universitaire mondial (au Metropolitan Museum de New York, au San Francisco Art Museum, au Smithsonian de Washington ou encore au Rubin Museum of Art de New York).
Ce changement d’appellation, intervenu début 2024, s’intègre dans un vaste chantier de refonte de la médiation écrite des salles du musée. Lancé en 2023, il vise à mieux faire comprendre à nos visiteurs, dont beaucoup ne sont pas spécialistes des arts d’Asie, les grands enjeux culturels et artistiques des civilisations asiatiques et devrait se terminer fin 2025.
Cette appellation s’entend au sens culturel du terme et non au sens géographique de la seule chaîne de montagnes de l'Himalaya. Elle permet de rendre compte du fait que nos collections émanent d’un espace géographique vaste et diversifié où, depuis de nombreux siècles, un complexe jeu d’influences réciproques est à l’œuvre. Cette aire culturelle est un creuset civilisationnel, un pont entre les peuples et les mentalités. Elle transcende les frontières fluctuantes du temps historique ou géopolitique. La médiation dans les salles d’exposition (panneaux de salles, cartels…) s’attache à faire comprendre au public l’ensemble de ces aires culturelles.