Si on peut rapprocher cette tenture d’une seule autre pièce, conservée au Brooklyn Museum à New York, la comparaison cependant souligne bien plus les différences que les similitudes. Cette toile de coton peinte servait très probablement de tenture décorative. Fragmentaire, elle est complétée par divers petits fragments qui ne peuvent toutefois pas être rattachés à l’ensemble.
Le sujet est divisé en trois registres horizontaux : deux registres plus importants, en haut et en bas, séparés par une bande médiane formant une sorte de frise. La forte présence architecturale évoque les temples et palais du sud d l’Inde. Au registre supérieur sont représentés : à gauche, un personnage de haut rang (roi ou prince) est assis sur un trône en compagnie de son épouse ou concubine qui joue d’un instrument à corde. Ils sont entourés de femmes qui agitent des éventails et des chasse-mouches et de musiciennes. Au centre, le même personnage masculin apparaît entouré de soldats et de courtisans. À droite, le souverain est de nouveau au milieu des femmes mais la scène semble plus galante : il prend la main de sa favorite qui est richement parée et tient une fleur.
Le bandeau médian contient un défilé d’hommes portant des armes, mais l’ambiance est plutôt festive. En tête du cortège, se trouve un personnage plus grand que les autres qui est peut-être le même souverain.
Au registre inférieur : à gauche, le roi, dans son palais, entouré de femmes regarde un spectacle de danse. À droite, à l’extérieur du palais, une procession est conduite par un personnage à cheval. Ce second cortège est empreint de religion, comme le signale la présence de symboles tels que le disque et la conque, attributs du dieu Vishnu. Cette tenture provient probablement du pays tamoul, et l’on peut y voir le reflet de la brillante vie de cour de la dynastie Nayak au milieu du 17ème siècle, période où les arts, la musique, la danse occupaient une place privilégiée. De même, l’alliance de la thématique courtoise et érotique avec celle de la religion – consistant à exalter le souverain, tout à la fois séducteur, jouisseur, dévot et quasiment divinisé – semble correspondre à ce milieu culturel.