En Inde, le style Gupta marque l’art de la période classique et post-classique qui s’épanouit du 4ème au 8ème siècle de notre ère. Au cours de cette époque qui constitue "l’âge d’or" de la civilisation indienne, on assiste à un épanouissement sans précédent de tous les arts. En sculpture, deux écoles, deux styles, s’imposent par leur qualité exceptionnelle : Mathura et Sarnath.
Cette effigie, aujourd’hui privée de sa tête, exalte un modelé particulièrement sensible, propres aux œuvres du style de Mathura. Il se caractérise par une silhouette aux épaules larges et des hanches étroites, les bras puissants et les jambes longues et fuselées apparaissant sous le vêtement. De plus, ce corps éthéré à la musculature fluide est habillé d’une fine et transparente robe monastique (uttarasanga), au "drapé mouillé", laissant deviner le vêtement de dessous (antarasanga). La main droite, manquante, devait à l’origine esquisser le geste d’absence de crainte (abhaya mudra). La tête du Bouddha était autrefois nimbée d’une grande auréole circulaire, dont un fragment, décoré de motifs floraux et de perles sur un fond de feuillage luxuriant, subsiste au-dessus de l’épaule gauche. La pureté des formes, l’harmonie des proportions, la qualité d’exécution de ce buste et la virtuosité du traitement de la robe et du nimbe, font de cette pièce l’archétype même de la sculpture bouddhique, qui traversera les siècles, de l’Asie du Sud-Est jusqu’en Chine et au Japon.