Kandahar, grande citadelle de l’Afghanistan, à la fois position stratégique ouvrant sur l’Inde et carrefour commercial, fut âprement disputée par la Perse safavide et l’empire Moghol en 1595 et en 1622. En 1638, Shah Jahan obtient à nouveau sa reddition. En 1653, les Persans la ré-annexeront définitivement.
Cette miniature montre la reddition des troupes persanes qui apparaissent à droite, sur des chevaux ou à pied, remettant les clés de la ville à Qilij Khan dont on aperçoit à gauche, la silhouette altière montée sur un cheval blanc coiffée d’un turban à aigrette noire.
Cette œuvre, caractéristique des meilleures pages de l’atelier impérial vers 1640, présente une composition d’une très belle ordonnance découpée en registres et dont la symétrie échappe habilement à trop de rigueur. Dans la partie supérieure à l’arrière-plan, apparaît une citadelle, probablement celle de Kandahar, traitée en perspective cavalière savante. En avant de celle-ci, s’inscrivant presque dans un carré, se déroule la scène même, divisée verticalement en deux parties. La vision panoramique, accentuée par la vue plongeante sur la ville, confère à l’ensemble une atmosphère de plein air, rare dans la peinture moghole.
Shah Jahan (1628-1658) fut peut-être le plus fastueux des empereurs moghols. La chronique officielle du souverain, le Padshah-nama fut abondamment illustrée par les plus grands artistes impériaux. Certaines miniatures (dont celle-ci) furent vraisemblablement retirées du manuscrit au 18ème siècle. Cette page en est l’une des plus intéressantes. Le manuscrit du Padshah-nama est aujourd’hui conservé à la Royal Library du Château de Windsor.