Brahma est figuré debout, en stricte frontalité, doté de quatre visages dont trois seulement sont visibles – le visage arrière étant simplement épannelé. Le dieu possède quatre faces, chacune d’entre elles ayant révélé l’un des quatre Veda, ou recueils d’hymnes sacrés, et il est coiffé d’un quadruple chignon en tresses (jatamukuta), maintenu par un diadème orfévré et surmonté d’un motif affectant la forme d’un bouton de lotus épanoui. Les quatre visages sont moustachus et pourvus d’une barbe et le dieu est richement paré de lourds pendants d’oreille spiralés à motif floral, de colliers et de brassards ; il porte également le cordon brahmanique (yajnopavita).
Bien que les quatre bras aient été brisés à la hauteur des coudes, deux des attributs tenus dans les mains disparues, solidaires des visages par l’intermédiaire d’une réserve, ont été partiellement conservés : à droite, la cuiller ou plus vraisemblablement, la louche (shruk) servant aux oblations de beurre clarifié dans le feu sacrificiel : à gauche, le livre (pustaka) de format oblong et lié de bandelettes à la manière des manuscrits en feuilles de palme – symbolisant l’ensemble des Veda – ces deux attributs étant également en relation avec le Savoir et le Sacrifice, comme la plupart des attributs assignés à Brahma.
Cette image de Brahma, figuré sous les traits hiératiques d’un personnage vénérable et barbu, caractérise les représentations du dieu dans l’Inde du Nord, à l’époque médiévale. Œuvre de grande qualité, remarquable tant par son modelé précis et subtil que par son intense expressivité, le Brahma du musée Guimet, qui pourrait provenir de la région de Gwalior, illustre clairement l’influence des styles indiens majeurs – tel l’art chandella des 10ème-11ème siècles, à Khajuraho – sur les styles locaux de l’Inde septentrionale et centrale.