La légende rapporte que la reine Maya, en route vers la demeure de ses parents, dut s’arrêter dans le jardin de Lumbini – aujourd’hui dans le Teraï népalais, au sud du pays – pour donner le jour à son fils. Trahissant la nature extraordinaire de destin qui serait le sien, les circonstances de la venue au monde du Bouddha sont miraculeuses. Au terme d’une gestation de dix mois lunaires, l’enfant naquit en sortant du flanc droit de sa mère sans la blesser aucunement. Déjà doté de la protubérance crânienne (ushnisha) – l’un des signes distinctifs de son futur statut d’Éveillé –, le nouveau-né apparaît ici, mains jointes, sous l’aisselle de Maya. La reine, quant à elle, rayonne de grâce et de sérénité, debout sous un arbre dont elle saisit une branche de la main droite, la main gauche effectuant le geste de l’argumentation, pouce et index joints.
Honorifiquement désignée sous le nom de Mayadevi, la mère du Bouddha historique est représentée comme l’étaient les déesses à l’arbre, symboles de fertilité et de fécondité dans l’art de l’Inde ancienne. Ces concepts sont ici illustrés par la somptuosité du décor de pierres semi-précieuses ornant les branches. Des pétales de lotus stylisés, symboles de pureté et de renaissance, décorent le socle de la statuette.
Selon la tradition technique la plus fréquemment attestée dans la statuaire métallique népalaise, l’œuvre est en cuivre pur. Elle comporte trois parties coulées séparément, puis emboîtées les unes dans les autres. Les parures de la souveraine sont rapportées, de même que les pans virevoltants de son écharpe. Le tronc de l’arbre est formé d’une feuille de métal martelée, cependant que les branches sont en métal plein. L’œuvre est représentative de la virtuosité technique des artisans népalais ainsi que du sens du mouvement dont les sculpteurs savent animer leurs créations. Elle témoigne aussi d’un goût décoratif délicat et chatoyant.