Calligraphe, potier, artisan de haut talent, Koetsu Hon’ami (1558-1637) aurait inspiré l’école Rinpa de peintures aux côtés de son ami, peintre et créateur de mobiliers, Tawaraya Sōtatsu (mort en 1640).
Ce rouleau est une sélection de poèmes tirés d’une anthologie composée en 1201 sur ordre impérial. Les caractères, en "écriture éparse", se détachent sur un fond végétal à l’or et au mica ; ils se mêlent harmonieusement au thème végétal qui décline fougères, herbes folles, glycines, etc., évoquant, comme l’anthologie, une division en quatre saisons. Au revers, quelques feuilles de ginkgo ornent la partie enroulée visible lors de la lecture. La couleur, appliquée au bloc sur une autre encore humide, se mélange et forme des effets aériens et évocateurs : caractéristique du style de Sōtatsu (? – vers 1640), elle entretient une connivence étroite avec la calligraphie de Koetsu (1558-1637), lui-même aussi potier, dont le musée Guimet conserve un bol à thé "raku" qui lui est attribué, avec l’usage de l’or pour réparer les cassures (kintsugi).
Le rouleau porte au revers de chaque feuille le sceau de papetier de Kamishi Soji, actif avec Koetsu et Sōtatsu dans le village-phalanstère de Takagamine. C’est là que naquit, il y a juste quatre siècles, l’art Rinpa, à la source d’une esthétique japonaise toujours moderne, mêlant hasard et liberté créatrice.
Ce rouleau, long de 9,50 m, qui semble être complet et n’avoir jamais été remonté, en est un chef-d’œuvre.