Les grands yeux fendus horizontalement de cette statuette lui ont valu le nom de "dogu à lunettes de neige", car leur forme rappelle les protections que les Inuits utilisaient contre la réverbération du soleil sur la neige. Pour d’autres, il s’agirait de paupières fermées impliquant ces figures dans le monde des morts.
Une coiffure aux cheveux en forme de couronne orne la tête, le nez n’est figuré que par un trou situé entre les deux yeux sans sourcils. Deux bandes en relief figurant des colliers entourent le cou. Le torse aux courbes harmonieuses, aux larges hanches et épaules, est prolongé par deux bras et est décoré d’un réseau sinueux d’impressions cordées rehaussées d’alignements de points. Ce type de dogu, essentiellement limité à la représentation féminine, se caractérise encore par les proportions minuscules de ses mains et de ses pieds. Ils se trouvent le plus communément dans les régions septentrionales, et au Jômon final, principalement dans celles de Tohoku et du Kanto, dans la préfecture de Aomori.
Ces dogu ou "poupées d’argile", en terre cuite à basse température (800°C), sont creuses.
Leur utilisation rituelle est encore mal précisée. Elles sont généralement retrouvées dans les tombes proches des villages, parfois volontairement cassées et éparpillées, peut-être dans un but prophylactique. Leurs formes féminines semblent également les relier au culte de la fécondité, ces statuettes étaient attachées à un usage chamanique et établissaient un lien entre le monde surnaturel et le monde terrestre. Dès l’époque suivante, la période Yayoi (300 av.-300 de notre ère), ce type de statuette disparut totalement. Avec les céramiques cordées, elles furent donc l’une des formes d’art les plus typiques du Jômon.