Paradoxalement, il n'existait guère dans les collections parisiennes de céladon coréen reprenant une forme habituelle à l'époque koryo, celle de la bouteille à anse dont la silhouette évoque la calebasse ou bien la double gourde.
Malgré les nombreuses bouteilles de ce type, celle du musée Guimet apparaît toutefois unique par la qualité et l'harmonie du décor comme de ses proportions, témoignant de la plus belle période du céladon coréen qui connaît son développement aux 12ème-13ème siècles.
Le décor est tout à fois délicat et complexe. Incrusté sous couverte à l'aide de barbotine de couleur blanche ou noire (sanggam en coréen), les motifs floraux jouent sur la répétition et soulignent les contours avec grâce et finesse. Ils viennent rehausser le céladon à la couleur bleu-gris et contribuent au charme de la pièce. Le décor floral évoque la nature, humanisant une forme directement reprise du monde végétal. La gamme des couleurs employées souligne en outre que l'art du céladon relève d'abord, en Corée, d’un art de vivre et d’un cadre de vie propres à la société coréenne.
La forme de calebasse suggère, dans la mentalité chinoise, une signification liée au taoïsme : un monde complet fait de deux sphères superposées représentant le ciel (le monde parfait) et la terre. Et la boisson qu'on y boit et fait boire à un adepte à initier évoque sans doute les Îles des Immortels, conférant longévité.