Lui-même, après un séjour à New-York (1977-1979), une cassure dans sa vie personnelle, rompt avec l’avant-garde conceptuelle qu’il avait jusqu’alors fréquentée, mais qu’il voit dès lors comme une impasse, et se tourne vers la figuration à son retour en Corée, s’installant délibérément loin de la capitale, à l’Est du pays, au cœur des monts Sorak. C’est là qu’il décline une peinture extrêmement colorée, souvent de grand format, dont le paysage et la couleur sont les thèmes principaux, sans représentation humaine.
Souvent lyrique, parfois volontairement naïf dans ses vues de prairies à la manière d’un peintre comme le douanier Rousseau (1844-1901), Kim Chong - hak "flirte" parfois avec l’expressionnisme, sur fond de chamanisme, quand ses vues des monts Sorak en hiver jouent volontiers de l’ambivalence entre abstraction et réalisme que suggère le paysage lui-même. Avec Coloquintes, il montre une approche plus sereine, plus personnelle aussi, quasiment intimiste. Se détachant sur un fond bleu profond, jouant sur le blanc, le vert ou bien le jaune, l’œuvre est une ode à la Nature qui n’est pas sans rappeler des influences occidentales, comme un écho des préraphäelites, par sa tonalité sombre et son pinceau précis.La peinture pourtant s’inscrit dans une tradition que l’on suit en Corée dès le 16ème siècle avec une artiste comme Shin Sa-im-dang (1504-1551) et que l’on retrouve sur les peintures décoratives des 18ème et 19èmesiècle - le gout pour les jardins.
Dans l’œuvre de Kim Chong-hak, cette peinture offre une vision apaisée, une vision réaliste et secrète, empreinte de poésie et de mystère.