D’abord employé comme vernis de protection pour des objets de bois ou de métal, il est rapidement devenu, en raison de ses qualités esthétiques et de sa propension à jouer avec la lumière, un matériau noble employé pour la fabrication d’objets de luxe. Il fut au cours de son histoire utilisé dans tous les domaines de la vie : objets d’apparat et ustensiles d’usage courant, éléments d’architecture ou d’ameublement, pièces de mobilier funéraire, instruments de musique et même pièces d’armement.
La beauté du laque réside dans la profondeur mystérieuse de sa matière, obtenue par l’accumulation d’une multitude de fines couches de résine brillante et translucide, traitées en glacis. La qualité des laques se mesure à la perfection de leur matière, ainsi qu’au nombre et à la finesse de ces couches dont l’application nécessitait parfois plusieurs mois de travail. Ce processus de fabrication, long et délicat, faisait de ces objets des biens coûteux, souvent considérés comme un marqueur du statut social de leur propriétaire.
Les plus anciens laques remontent à la culture néolithique de Hemudu (Chine du Nord) au cours du 3ème millénaire av. J.-C. Le processus technique est déjà très sophistiqué du temps des premières dynasties du Fleuve Jaune, mais c’est au temps des Zhou de l’Est (771-256 av. J.-C.) que son usage se généralise, particulièrement depuis l’Etat de Chu (Fleuve Bleu) qui l’exporte en grande quantité dans l’ensemble des territoires de la Chine d’alors. La production est alors dominée par la technique du laque peint. Sous la dynastie Tang (618-907), la laque chinoise a connu un nouveau style marqué par l'utilisation de feuilles d'or ou d'argent dans une variété de formes, telles que des oiseaux, des animaux et des fleurs. Le troisième âge d’or couvre les dynasties Song (960-1279), Yuan (1271-1368) et Ming (1368-1644). Il est marqué par l’émergence de la technique du laque sculpté (diaoqi).
Parmi les plus belles réalisations de la dynastie Yuan, on compte les coupes à décor de fleurs et oiseaux. Ce plateau en est une parfaite illustration. Son décor, compact et dense, est composé de deux faisans volant au milieu de pivoines et de feuillages aux lignes grasses et souples. Sculpté à la gouge dans plusieurs dizaines d’épaisseurs de laque brun, il se détache sur un fond contrastant de couleur rouge qui correspond à la couche inférieure du revêtement de laque.
