Cette tête, bien que dépourvue d’insignes de royauté et de toute parure, est celle d’un souverain, Jayavarman VII (r.1181-1218), chef d’œuvre du musée Guimet.
Le roi est représenté à l’âge mûr, le visage quelque peu empâté, et méditant en toute humilité les yeux baissés. Ses lèvres affichent le célèbre "sourire d’Angkor". Cette sculpture appartient au style du Bayon (fin du 12ème siècle – début du 13ème siècle), pour lequel les sculpteurs abandonnent le canon idéal de jeunesse et de beauté, quelque peu impersonnel, des époques antérieures. Ils adoptent alors un style plus naturaliste, terrestre et humain, au modelé sensible, s’inspirant parfois de la physionomie du roi ou de ses contemporains. Ces œuvres font montre d’une grande expressivité, bien que toute de retenue, traduisant par la dévotion et la sérénité de l’âme, la grandeur royale.
Plusieurs statues identifiées comme des portraits sont connues, le souverain y apparaît à des âges différents, assis, rendant hommage au Bouddha.
Le règne de Jayavarman VII fait suite à une période de troubles s’achevant en 1177 par la prise d’Angkor par les Cham. Durant cette renaissance khmère, et probablement en raison de la perte de confiance dans la protection du shivaïsme, Jayavarman VII adopte le bouddhisme Mahayana comme religion d’État. Ce changement implique de nouvelles recherches iconographiques et esthétiques, et trouve son expression majeure dans des programmes architecturaux démesurés. L’art devient ainsi le vecteur d’un bouddhisme proprement cambodgien dans lequel le roi incarne la plus exemplaire dévotion. De courte durée, cette période brillante trouve son terme dans la résurgence du shivaïsme dès le milieu du 13ème siècle.
Type d'objetSculpture
MatériauxGrès
Dimensions42 x 25 x 31 cm
Numéro d'inventaireP 430
Région ou domaineAsie du Sud-Est
AcquisitionDépôt permanent de la faculté des sciences de Marseille, 1965