Faisant le geste de l’absence de crainte (abhaya mudra), cette main d’un Bouddha monumental, modelée en terre crue, était entièrement dorée, selon la tradition bouddhique qui veut que le Bouddha brille d’une belle lumière d’or.
La pièce proviendrait de Bamiyan où, sous la direction de Joseph Hackin, la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) travaille entre 1924 et 1935 à la documentation des décors ornant les milliers de grottes creusées dans la falaise. Au cœur des "montagnes neigeuses" de l’Hindou-Kouch, selon des récits de pèlerins chinois qui les franchissent entre le 5ème et le 7ème siècle pour se rendre en Inde au pays du Bouddha, la vallée de Bamiyan est une étape obligée sur la vieille route reliant l’Asie centrale à l’Inde, du site de Bactres au nord à celui de Taxila au sud-est.
Étape caravanière, Bamiyan est aussi un centre monastique bouddhique dont l’importance croît à partir du 4ème siècle. L’immense falaise dominant la vallée est rythmée par l’image monumentale de deux bouddhas figurés debout (de 38 mètres pour l’un, de 53 mètres pour l’autre), qui, selon les témoignages des pèlerins, resplendissaient au soleil. Ils sont aujourd’hui datés du 6ème et début du 7ème siècle. Entre les deux icônes, et de part et d’autre, plus d’une centaine de grottes ont été creusées, servant de cellules pour les moines, de chapelles et de salles communautaires parfois ornées d’un décor peint, mais également modelé. Celui-ci est en terre crue mêlée de paille bûchée, une technique propre à la dernière période de l’art bouddhique en territoire afghan, annonçant une pratique répandue au Xinjiang. Ce goût pour les images monumentales se développe à partir du 6e siècle, d’Ajanta en Inde à Adjina tepe dans l’actuel Tadjikistan, puis de là jusqu’en Chine, dans les sanctuaires de Yungang ou de Longmen.