Il est ici représenté en lévitation au-dessus de flots s’écoulant de ses pieds, des flammes s’élevant de ses épaules. Dans la paume de sa main droite esquissant le geste d’absence de crainte (abhaya mudra), est gravé le lotus de la Loi. Au-dessus de sa tête, dans les airs, les dieux hindous Indra et Brahma tiennent le parasol en signe de révérence. Accentuant la monumentalité de la figure du Bienheureux et l’encadrant, deux petits bouddhas sont assis en méditation, des flammes sortant également de leurs épaules. Dessous, figurent les assistants classiques de la "légende bouddhique" : Vajrapani, le porteur de foudre, et la déesse Hariti, tous deux stylistiquement de forte influence gréco-romaine; ils sont supportés chacun par une console sculptée à la mode iranienne, rappelant le décor des ivoires de Begram ainsi que l’ornementation des sièges d’apparat de l’Inde ancienne. Sur le socle, où deux dévots sont agenouillés, court un rinceau aux motifs d’églantine fréquent dans l’art du Gandhara.
Cette stèle était, au moment de sa découverte en 1924 sur le site de Païtava, près de Begram en Afghanistan, recouverte de feuilles d’or lui donnant un aspect étincelant mais que la sécheresse de l’air n’a pas alors permis de conserver.
Elle est typique des hauts-reliefs de la région du Kapissa, qui s’éloignent du modèle classicisant de l’école gandharienne par la stricte frontalité, le corps un peu court et particulièrement massif, le drapé précis mais stylisé, et la tête circulaire. Elle illustre la diffusion du bouddhisme et son appropriation en territoire afghan, où la figure du bouddha prend figure d’icône, annonçant ce goût pour la monumentalité dont témoignent ensuite les deux grands bouddhas de Bamiyan et l’esthétique de certaines effigies sculptées des sanctuaires rupestres de la Chine, à Yungang et à Longmen.