6 novembre 2024 - 24 mars 2025
Voir l’accès et les horairesTarif unique, inclut l'accès aux collections permanentes et aux expositions temporaires
Tarif plein : 13€
Tarif réduit : 10€ (voir "Préparer sa visite")
Réservez votre billetPays de l’Homme d’or et des grands kourganes, le Kazakhstan est une terre de légendes aux confins des steppes de l’Asie centrale. Sillonnés par les mythiques routes de la soie, ses immenses paysages ont été le théâtre d’une riche histoire culturelle et humaine. Avec Kazakhstan, Trésors de la Grande Steppe, le musée Guimet propose un aperçu de cette histoire en cinq ensembles de chefs-d’œuvre, éclairant cinq grands jalons de civilisation, depuis le troisième millénaire avant J.-C. jusqu’au 18e siècle.
Exceptionnellement prêtés par les plus grands musées kazakhs, ces trésors – parmi lesquels les ornements originaux de la coiffe de l’emblématique Homme d’or – sont présentés dans une scénographie poétique et innovante, qui immerge les œuvres et les visiteurs dans les paysages du Kazakhstan.
Dans un écrin sensoriel et immersif imaginé par le scénographe Sylvain Roca, le visiteur est ainsi transporté sur la terre qui a vu naître ces chefs-d’œuvre : successivement, des projections et des créations sonores viendront animer les œuvres et les replaceront poétiquement dans leur contexte d’origine pour un moment de culture et de dépaysement hors du temps.
Le Kazakhstan – un des cinq pays de l’Asie centrale située au carrefour des routes entre l’Asie et l’Europe – constitue un espace riche, connu pour son développement historique et culturel unique. Constitués dès l’antiquité, les peuples nomades ont rapidement dominé les steppes où d’importants centres urbains ont ensuite vu le jour. La richesse des ressources naturelles a contribué au développement du commerce international et des liens économiques, renforçant ainsi l’identité culturelle de la région. Les Huns, les Scythes et les tribus turciques ont joué un rôle clé dans la formation de la culture, de l’identité et des alliances politiques propres au Kazakhstan. Après le déclin de la Horde d’or, le khanat kazakh s’est imposé comme le successeur de l’empire de Gengis Khan, jetant les bases de la civilisation traditionnelle des Kazakhs.
Jalon 1 : Le Penseur de Tobyl
La culture de Botai et la domestication du cheval
Vers le 4e millénaire avant notre ère, une culture marquée par la domestication du cheval, la culture de Botai, émerge dans le nord du Kazakhstan. Elle est considérée comme le fondement de la civilisation des steppes et a permis son essor pour le millénaire suivant. La transition du mode de vie des anciennes tribus de chasseurs vers une économie productive d’élevage du cheval, mais aussi de bovins (en conservant la chasse en complément) est un héritage majeur de cette période pour le Kazakhstan. Il témoigne de leur profonde connaissance des cycles naturels, du climat, du paysage, de la flore et de la faune. Cette connaissance s’est incarnée dans des objets dont le plus extraordinaire vestige est le « Penseur de Tobyl », aussi appelé « l’Homme scrutant le ciel » découvert dans la région de la ville de Qostanaï. Cette petite figure anthropomorphe reflète la culture spirituelle et la vision philosophique des anciens nomades de la steppe.
Jalon 2 : L’Homme d’or
L’émergence des premiers états scythes
Durant le 1er millénaire avant notre ère, de larges fédérations de tribus et des proto-États partageant une culture commune commencent à se développer dans les steppes eurasiennes. Les tribus nomades que les Grecs et les Perses appelleront plus tard les Scythes, les Saka ou les Sarmates émergent alors. Les foyers les plus importants de formation d’un État saka étaient situés au sud-est du Kazakhstan (dans le Jetissou), dans la région des lacs et des steppes du nord (Saryarka), près de la mer d’Aral et dans les montagnes de l’Altaï. La proximité ethnique, l’équivalence de leur niveau de développement et le mode de vie de ces divers peuples ont généré des cultures, des technologies et des productions communes. L’orfèvrerie en est un bon exemple où le « style animalier » était particulièrement populaire. La découverte, en 1969, de « l’Homme d’or » à Issyk, dans la région d’Almaty, a fait sensation dans la communauté scientifique. Le raffinement des parures d’or de ce seigneur atteste d’un haut degré de maîtrise des techniques de l’orfèvrerie. L’Homme d’or reflète aussi la richesse de la mythologie et de la spiritualité des civilisations des steppes. Ces nomades vénéraient leur chef, le hissant au statut de divinité solaire. Sur l’une des coupes en argent retrouvées près du défunt, des traces de la plus ancienne écriture d’Asie centrale ont été découvertes.
Jalon 3 : Les balbal
Le Kazakhstan médiéval au moment de l’hégémonie des peuples turciques
Les montagnes de l’Altaï constituent une région capitale dans l’histoire des Kazakhs et des autres peuples turciques de l’Eurasie. C’est là que s’est constitué le monde turcique au milieu du premier millénaire, inscrivant un nouveau chapitre de l’histoire des peuples des steppes. Au milieu du 6e siècle, un nouveau mode de confédération de tribus turciques est établi : le khaganat (empire). Il est un modèle de continuité pour les États turciques qui se succédèrent durant plusieurs siècles, les khaganats Turgesh, Karlouk, Kimek et Kipchak qui marquèrent l’histoire du Kazakhstan médiéval. Les turciques réussissent la symbiose entre monde nomade et monde sédentaire urbanisé, avec des cités où le commerce, les arts et les sciences sont florissants. L’une de ces cités, Otrar (Farab), aurait été le berceau du savant Abu Nasr al-Farabi, connu comme un maître au même titre qu’Aristote. Monuments emblématiques des populations nomades turciques, les balbal sont des stèles funéraires mégalithiques. Ces sculptures anthropomorphes, aux traits très schématisés permettant de les identifier à des figures féminines ou masculines, ont été érigées dans tout le monde de la steppe.
Jalon 4 : Les chandeliers du mausolée de Khoja Ahmet Yasawi
Le développement de l’Islam
Ahmet Yasawi est un poète et mystique soufi du 12e siècle qui a joué un rôle déterminant dans le développement de l’Islam et du soufisme dans les territoires turciques d’Asie centrale. Il a vécu dans la ville de Yasi, aujourd’hui appelée Turkistan, une oasis prospère sur les routes commerciales qui reliaient la Chine au Moyen-Orient. Son mausolée fut construit à l’époque de Tamerlan (Timour), de 1389 à 1405. Dans ce bâtiment, les architectes d’origine perse expérimentèrent de nouvelles solutions architecturales, notamment le décor de briques bleues et turquoises ornées de décors géométriques, qui furent ensuite adoptées pour la construction de Samarcande, capitale de l’empire timouride. C’est aujourd’hui l’une des constructions les plus grandes et les mieux conservées de l’architecture des Timourides, qui régnaient sur un territoire incluant l’Iran et l’Asie centrale. Pour le décor intérieur du mausolée, six chandeliers avaient été commanditées par l’émir Timour. Réalisés en métal, très probablement incrustés d’or et d’argent, ils sont typiques de l’art décoratif islamique de l’époque timouride. Ils étaient considérés comme des objets de grand luxe et portaient soit le nom du commanditaire, soit celui de l’artisan et la date précise de fabrication.
Jalon 5 : Le Chapan de Kazybek biy Keldibekuly
Le khanat kazakh et l’émergence du Kazakhstan moderne
Entre le 15e et le 17e siècle, la majeure partie du territoire du Kazakhstan moderne est administrée par le khanat kazakh (1465-1718). Il s’agit de l’un des États qui a succédé à la Horde d’Or, fondé vers 1465-1466 dans le sud du Kazakhstan par deux descendants de Gengis Khan et d’un khan de la Horde d’Or, Kerei Khan et Janibek Khan, alors que l’hégémonie des Mongols et de la Horde d’Or en Eurasie prend fin. C’est en effet à cette période que la dynastie chinoise Ming (1368-1644) parvient au pouvoir en Chine après l’effondrement de la dynastie Yuan (1234-1368) fondée par les Mongols, et qu’Ivan III de Russie, dit Le Grand (r. 1462-1505), déclare l’indépendance de la Russie vis-à-vis de la Horde d’Or en 1480. L’émergence du khanat kazakh est un tournant dans l’histoire du Kazakhstan : il a été le fondement d’une nation de communauté culturelle et ethnique pour les Kazakhs. Sa gouvernance s’inscrivait dans la continuité des alliances politiques et des États qui avaient existé avant lui. Ainsi, dans le khanat kazakh, l’autorité judiciaire était exercée par des juges élus par le peuple. La cour de ces juges, adaptée à la vie nomade ou semi-nomade a fonctionné jusqu’au début du 19e siècle. L’un de ces juges était un éminent diplomate et homme d’État, Kazybek biy Keldibekuly (1667-1764).
Direction scientifique de l’exposition : Yannick Lintz, présidente du musée national des arts asiatiques – Guimet et Valérie Zaleski, conservatrice des collections d’art bouddhique de Chine et d’Asie centrale au musée Guimet.
Cette exposition est organisée par le musée Guimet et le musée national de la République du Kazakhstan.
Elle a bénéficié du soutien de la fondation Bulat Utemuratov et d’Alstom Kazakhstan
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