Présent dans les Upanishad, des textes religieux datés du 6ème siècle avant l’ère chrétienne, il désigne d’abord « la descente » sur terre, la manifestation d’un principe absolu ou d’une entité divine dans l’espace et le temps des humains. Le contraire donc des personnalités numériques forgées par les humains au sein d’imaginaires virtuels !
Dans le premier cas l’avatar divin de l’hindouisme a pour fonction de rétablir et d’assurer la pérennité de l’ordre cosmique.
Dans le second, l’avatar numérique est un double imaginaire déjouant les contraintes ou les limites de la réalité physique et mortelle d’un individu.
Dans les deux cas toutefois l’avatar peut être identifié par une iconographie spécifique : il se caractérise par une forme, des qualités, des attributs qui lui confèrent des pouvoirs extra-ordinaires.
En Inde, les avatars de Visnu sont particulièrement populaires. On en compte traditionnellement 10 dont les plus célèbres son Krsna et Rama. Au cœur de récits mythologiques et d’enseignements philosophiques, ils œuvrent tous deux comme de grands héros salvateurs ou de grandes figures initiatrices.
Dans le récit de la Bhagavad gita, c’est sous la forme de l’aurige d’un prince guerrier, que Krisna, avatar de Visnu, transmet au cœur d’un combat meurtrier le message du yoga ou de l’art d’agir conformément à la vérité de son for intérieur et de l’ordre du monde.
Ailleurs, dans le poème amoureux de la Gitagovinda, c’est sous la forme d’un amant passionné, qu’il invite l’être aimé à s’abandonner à lui comme le fidèle s’abandonne au divin.
Dans l’Epopée du Ramayana encore, c’est sous les traits de Rama, un prince exilé dans la forêt, que l’avatar de Visnu se fait pourfendeur de démons, garant des institutions royales et protecteur du Dharma, l’ordre cosmique…
En Inde, les images consacrées des avatars bénéficient des faveurs des fidèles mais aussi de celles du législateur puisqu’on leur accorde parfois un statut juridique à part entière, ce qui n’est pas encore le cas des avatars numériques !