Dans la tradition bouddhique, copier les textes sacrés est un acte méritoire ; rien ne sera trop beau dès lors pour porter la parole du Bouddha. En Birmanie, tous les garçons doivent entrer au monastère, ne serait-ce que symboliquement. L’enfant est paré comme un prince, rappelant le statut princier du Bouddha.
Arrivé au monastère, il reçoit la tonsure et passe la robe safran des moines au cours d’une cérémonie extrêmement importante pour la famille. Ce type de manuscrit est offert au monastère à l’occasion de l’initiation d’un garçon en tant que novice, ou à l’ordination d’un novice pour son entrée dans le sangha, la communauté des moines.
Les manuscrits birmans utilisent des supports variés, des feuilles de palmier pour les plus courants, qui peuvent cependant être laquées et dorées, mais également des matériaux plus nobles, des feuilles d’or ou d’argent, ici, de fines lamelles d’ivoire. Les manuscrits sur ivoire, plus tardifs, apparaissent vers le milieu du 18ème siècle, lorsque le travail de cette matière se développe en Birmanie. Outre la difficulté de trouver assez d’ivoire pour un manuscrit qui compte plusieurs feuillets, ce support est tiré d’êtres vivants que les artisans répugnent à utiliser. Le texte est en pâli, langue du canon bouddhique, en écriture birmane carrée dite en "graines de tamarin" inscrite recto et verso à l’aide d’une laque noire épaisse. Les marges sont laquées de rouge et dorées à la feuille, laque et dorure qui ornent également les étroites planches ou "ais" de bois qui enserrent les feuillets afin de les maintenir ensemble. Le tout est enveloppé dans un tissu de protection appelé "robe", comme la robe du moine, et serré par un cordon ou "ceinture".